Catégorie : Un peu d’Histoire
Le centième anniversaire de la Première Guerre Mondiale
(1er épisode)
Notre rubrique histoire, depuis de nombreux bulletins municipaux, nous avait accoutumés à évoquer les relations entre les Britanniques ; les rosbifs et les Français ; les bidochons, au cours des temps.
A l’heure de ce bulletin, il y aurait encore beaucoup à écrire à propos de ces relations franco-britanniques, tant le lien qui nous unit est ancien et fort. Nous sommes des vieilles nations dont l’histoire est jalonnée des mêmes repères, parfois nous opposant, parfois nous rapprochant.
Parmi ces repères communs, Il y eut tout d’abord les querelles de territoires à cette époque de la fin du Moyen Age ou chacune de nos deux nations tentait de conforter et développer ses frontières. Il y eut aussi de la concurrence lorsqu’il s’est agi, au delà des mers, de s’approprier de nouveaux espaces dans la conquête coloniale désormais révolue, aux Indes en Asie, Afrique ou Amérique….
Mais il y eut surtout ce qui nous a toujours rapprochés. Nos deux pays ont toujours pris le même chemin quand il était question de répondre aux agressions extérieures contre la démocratie, ou tout simplement la liberté. Les deux guerres mondiales sont la parfaite illustration de l’indéfectible alliance entre nos deux pays frères.
Justement, nous voici, et pour les cinq ans à venir, au centième anniversaire de la Première Guerre Mondiale. Cette guerre qu’Anglais et Français firent côte à côte, brothers in arms, frères d’armes.
Nous ne pouvions pas continuer cette rubrique histoire en ignorant ce centenaire…
Ainsi pendant les cinq années qui vont suivre, elle sera consacrée aux résumés annuels de la guerre. Nous ne retracerons pas ce dur passé en années civiles mais d’un 11 novembre à l’autre.
A chaque fois, cet article sera l’occasion de rendre hommage et perpétuer la mémoire des fils de notre village morts pour la France durant la période évoquée.
Ainsi ce premier épisode a pour but de nous remettre en mémoire les débuts de la guerre du mois d’août 1914 au 11 novembre 1914, et d’honorer les deux soldats de la commune morts durant cette période.
L’an prochain l’épisode 2 abordera la période allant du 11 novembre 1914 au 11 novembre 1915 et rendra hommage aux fils de Bourgougnague morts aux combats durant ces douze mois.
À la date du 11 novembre 1914, deux enfants de BOURGOUGNAGUE morts pour la France |
En 1914, en ce début de XXème siècle, l’économie agricole locale est florissante.
A Bourgougnague comme dans toutes les communes du canton, on produit fourrage et avoine pour l’annexe du centre de remonte des armées qui se situe à Bouilhaguet à Miramont de Guyenne.
La récolte des prunes va commencer et celle des fruits et légumes bat son plein pour approvisionner les conserveries de Miramont dont la principale est la conserverie Félix Potin.
En effet, la firme de grands magasins d’alimentation à succursales multiples Félix Potin et Cie dont le siège était à Paris, créa en 1906, une conserverie de fruits et légumes à Miramont destinée à fonctionner toute l’année.
Avec cette conserverie, ce fut l’occasion à Miramont d’implanter un marché aux légumes quotidien qui ouvrait dès 5 heures du matin, à l’époque de pleine production du 1er mai au 30 septembre et se terminait à 9h. Il attirait des producteurs de toute la région miramontaise à la rencontre des courtiers chargés de l’approvisionnement de l’usine. Très rapidement l’usine Félix Potin de Miramont connut un développement spectaculaire et le quai de débarquement recevait chaque jour des tonnes de produits à laver, éplucher, mettre en boîtes et stériliser. Une aubaine pour l’économie locale. Sans doute aussi que des bourgougnaguaises et bourgougnaguais travaillent alors aux ateliers Soussial. En effet à cette époque la confection des chaussons de basane se développe. Elle est en passe de devenir l’industrie florissante de la maroquinerie qui régnera sur la région jusqu’au tout début des années 1990.
On est heureux ici en cet été 1914. Mais l’orage gronde. Il menace et pèse au dessus de la France, du vieux continent et du reste du monde.
L’assassinat de l’Archiduc d’Autriche à Sarajevo par un Serbe (la Serbie était un pays allié de la France), le 28 juin 1914, va mettre le feu aux poudres dans une Europe instable et nerveuse. Les relations entre l’Allemagne et France sont tendues depuis la défaite française de 1870 et la perte de l’Alsace et la Lorraine.
Cet événement est le détonateur qui va mettre à feu et à sang les cinq années à venir.
Lorsque l’empereur Guillaume II déclare la guerre à la France le 3 août 1914, les Français imaginent comme les Allemands, une guerre fulgurante et croient encore aux vertus de la cavalerie et des charges d’infanterie. Joseph Joffre, commandant en chef des armées du nord et de l’est depuis 1911, applique sans crainte un plan, concocté en 1913, qui prévoit une offensive dans les Ardennes et en Lorraine.
Mais il est pris de court par l’offensive allemande en Belgique qui se lance à l’assaut des douze forts qui entourent Liège, sur les bords de la Meuse. Pendant ce temps s’achève la mobilisation des conscrits dans toute l’Allemagne.
Les Allemands s’emparent de Liège le 16 août. Le lendemain, les armées de Von Moltke peuvent comme prévu s’avancer en Belgique. À Dinant et à Charleroi, deux armées allemandes en route pour Namur se heurtent à la 5e armée française du général Charles Lanrezac.
Cet officier de talent a peu de goût pour l’offensive à outrance prônée par le général Joffre. Plutôt que de s’obstiner à défendre la ligne Charleroi-Namur et de prendre le risque d’être débordé sur ses flancs gauche et droit, il choisit de décrocher sans en référer à son supérieur. Cela lui vaudra d’être « limogé » quelques semaines plus tard.
Son frère d’arme Jean Girou, fils de Jean Girou et de Marie Rambeaud du même 220ème Régiment d’Infanterie meurt également sous le feu ennemi le 24 août 1914 à quelques douze kilomètres de là, à Eton Gondrecourt mais dans le département voisin de la Meuse. Il était né à Lavergne le 14 avril 1885, et en ce 24 août, il a 29 ans.
Ils sont, les deux premiers fils de notre commune morts pour la France. Ils sont les deux premiers de cette affreuse liste de 18 enfants du village morts au front. Le Maire de l’époque, Louis Prunet devra aller, comme c’était l’usage à l’époque, apporter la mauvaise nouvelle de leur décès dans leurs familles respectives. Il devra ainsi le faire à dix-huit reprises auprès des épouses, des mères et des pères durant les cinq années à venir.
Cette guerre que l’on croyait courte et de mouvement et d’où l’on pensait s’en revenir rapidement va très vite s’enliser. Du 29 août au 1er septembre, les Allemands prennent successivement Saint-Quentin, Amiens, Soissons et Compiègne. Aussi le 2 septembre le gouvernement français quitte Paris pour Bordeaux. Du coup les Allemands bifurquent au sud est de Paris, la capitale n’étant plus la cible prioritaire en l’absence du gouvernement.
De fait, à cause de lui et malgré l’arrivée des Anglais, à pied d’œuvre dès le 21 août, les armées françaises doivent se résigner à reculer vers l’ouest mais ce faisant, elles échappent à un encerclement qui leur eut été fatal. Lanrezac a évité le pire pour son camp.
En Belgique comme en Lorraine, la « bataille des frontières » débouche sur une sévère défaite des Français et de leurs alliés. Les combats, à l’ancienne, avec charges à la baïonnette, en uniformes de couleur, képis et pantalons garance (rouge), se soldent par des pertes très importantes face à un ennemi qui, déjà, utilise massivement les mitrailleuses (200.000 hommes tués, blessés ou capturés en trois semaines).
Avec environ 25.000 morts du côté français, le 22 août 1914 est la journée la plus meurtrière de toute l’Histoire militaire de la France ! Les jours qui suivent continuent d’alimenter cette folie meurtrière . C’est au cours de ces journées, les plus meurtrières de cette guerre que l’on n’appelle pas encore la « grande guerre », que Bourgougnague perdra ces deux premiers enfants :
- Marcel Rouyre, fils de Léger Rouyre et de Marguerite Marboutin, du 220ème Régiment d’Infanterie, meurt sous le feu ennemi le 24 août 1914 à Aix Gondrecourt dans la Meurthe et Moselle. Il était né à Bourgougnague le 5 mai 1884, et en ce 24 août, il a 30 ans.
- Son frère d’arme Jean Girou, fils de Jean Girou et de Marie Rambeaud du même 220ème Régiment d’Infanterie meurt également sous le feu ennemi le 24 août 1914 à quelques douze kilomètres de là, à Eton Gondrecourt mais dans le département voisin de la Meuse. Il était né à Lavergne le 14 avril 1885, et en ce 24 août, il a 29 ans.
Ils sont, les deux premiers fils de notre commune morts pour la France. Ils sont les deux premiers de cette affreuse liste de 18 enfants du village morts au front. Le Maire de l’époque, Louis Prunet devra aller, comme c’était l’usage à l’époque, apporter la mauvaise nouvelle de leur décès dans leurs familles respectives. Il devra ainsi le faire à dix-huit reprises auprès des épouses, des mères et des pères durant les cinq années à venir.
Le 5 septembre est signé le Pacte de Londres qui exclue toute paix séparée pour les alliés. A partir du 6 septembre débute l’offensive franco-britannique dans la Marne et dès le 7 les taxis sont mobilisés pour conduire les soldats au front. On les appellera les taxis de la Marne.
Le 23 septembre débute la bataille de la Somme. Varennes, Dinan, Louvain, Malines tombent aux mains allemandes alors que Reims est bombardée à plusieurs reprises fin septembre.
A partir du 16 octobre débute la bataille de l’Yser jusqu’au 1er novembre. Ce même jour la Russie déclare la guerre à la Turquie. La France et l’Angleterre en fond de même le 5 novembre. Le conflit qui oppose la France, l’Angleterre, la Russie, Le Japon à leurs ennemis l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Empire Ottoman sera une Guerre de position. Cette fois, c’est certain. Au 11 novembre 1914, nous sommes à trois jours de ce qu’elle deviendra : une guerre de tranchées.
Pierre PRUNET
Sources :
– Herodote.net
– Travaux de recherche de Jean HEURTEMATTE (Histoire de Miramont)
– E-chronologie.org
– Histoire de France Larousse
– « Bourgougnague » Recueil réalisé par le président du comité local du Souvenir Français, M. COURCELLE.
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